Petit retour en arrière avec Facebook

Pour autant que je me rappelle, je n’ai jamais été attiré par les réseaux sociaux. J’ai eu un compte Facebook vers 2008 mais je l’ai supprimé l’année suivante. Ça n’a pas été sans mal d’ailleurs car à ma première tentative, en voulant vérifier que mes identifiants ne marchaient plus, je l’ai réactivé. Le deuxième essai semble avoir mieux marché (ceci dit, même au bout d’un mois, je n’ai pas osé retenter une connexion pour m’assurer qu’il était bien supprimé).

Mon envie de supprimer mon compte à l’époque était surtout motivée par le fait que je ne m’en servais pas (autrement que pour jouer à des jeux idiots). Bien entendu, laisser mes données personnelles à un acteur déjà très gros à l’époque, ça me posais quelques problèmes. L’actualité de cette entreprise les années suivantes n’a fait que conforter mon choix.

Le mot supprimé que je viens d’employer précédemment n’est peut-être pas le bon. Je n’aurai jamais l’assurance que toutes mes données sont réellement effacées même aujourd’hui. Il me faut donc faire confiance à Facebook. Je ne vais pas forcement détailler plus cette partie mais elle a quand même de l’importance.

Les autres réseaux sociaux

Globalement, je suis passé à côté de tous ou presque.

J’ai uniquement un compte Linkedin mais c’est plus pour avoir un CV public en ligne qu’autre chose. Je l’ai créé lorsque je cherchais un nouveau poste et je l’ai désactivé récemment. Je ne voyais pas trop d’intérêt à publier dessus d’autant que ça reste très orienté communication officielle d’entreprise (vous savez, on dit Corporate) ou de mise en avant de profil, donc un truc assez lisse au final. Globalement, ceux qui y sont les plus actifs ne sont pas nécessairement les plus intéressants. À noter que certains intitulés de postes sont un peu sur-évalués par rapport à la réalité du terrain (parfois c’est assez gros en fait :p). Je finirai probablement par fermer ce compte dormant complètement…

En dehors de ça, je n’ai jamais trouvé un quelconque intérêt d’aller voir ailleurs. On va dire que je suis plutôt de la génération qui participait à pas mal de forums de discussion. C’était à une autre époque.

Le cas de Twitter

Je n’ai jamais eu de compte sur ce réseau social. Pour ce que j’ai pu voir de loin, ça me semblait/semble assez toxique. Les développements récents, et notamment les changements radicaux d’orientation de la plateforme (pour parler poliment) depuis l’arrivée d’Elon Musk, ne m’incitent d’ailleurs pas à m’y inscrire.

L’effet réseau

Tel que je comprends ce concept, plus un réseau social a d’utilisateurs, plus il arrivera à en capter de nouveaux. Les qualités intrinsèques d’un réseau social ne font donc pas tout. En soit, ce n’est pas ça le problème.

Par contre :

  1. L’interopérabilité entre réseaux sociaux n’est pas là. Il faut donc, pour être partout, créer autant de comptes que de plateformes. Ce n’est pas envisageable et seuls les réseaux sociaux ayant le plus d’utilisateurs tirent leur épingle du jeu.
  2. Le pouvoir que peut acquérir une entreprise opérant un réseau social populaire est trop important. On a pu le voir avec Facebook ou Twitter à plusieurs reprises, on touche à des enjeux démocratiques tellement ces plateformes sont devenues incontournables et ont un contrôle sur leurs utilisateurs.
  3. De l’autre côté, la pression sociale s’accroît à mesure qu’un réseau social gagne en popularité. Dans tous les cas, on subit les choix de nos proches et autres relations. Pour faire simple, soit on rentre dans le moule, soit on s’exclut du groupe.

Sur ce dernier point, j’ai eu le cas récemment où le plus simple pour un groupe d’une vingtaine de personnes était de se créer un groupe Whatsapp. J’ai botté en touche et ai suggéré de m’envoyer plutôt un mail mais je vais perdre de l’information dans l’affaire, c’est presque certain.

Gestion des données

Les réseaux sociaux les plus populaires me posent un problème supplémentaire. Je ne sais pas ce qui est fait de mes données une fois déposées dessus. Je sais par contre que les entreprises qui portent ces services vivent de la pub et ont donc des intérêts probablement orthogonaux aux miens. Ces services génèrent des profits parce qu’ils sont centralisés et que les utilisateurs produisent des données qui peuvent être vendues. Ne l’oublions pas, le vrai/seul client, c’est l’annonceur qui dépense de l’argent.

Inutile donc d’espérer pouvoir installer localement autre chose qu’un client (au sens de l’application cette fois) pour accéder à de tels réseaux sociaux. Ça, c’est gênant…

Et les alternatives libres ?

Je dispose d’une instance Peertube et d’un Nextcloud, deux outils qui s’intègrent au Fediverse. Ce qui m’a tout de suite plus dans ces outils, la possibilité de gérer ma propre instance comme je le souhaitais tout en ayant la possibilité de me connecter à d’autres au besoin. En dehors d’une connexion avec une autre instance Nextcloud, j’ai assez peu profité de cette opportunité.

S’agissant des réseaux sociaux libres, je ne m’y suis pas plus intéressé que ça jusqu’à il y a peu. Le Fediverse dans ce cadre, j’en avais entendu parlé mais je n’avais jamais pris le temps de regarder en détail. Il faut avouer que l’offre est variée.

Et nous y voilà, Mastodon !

Début novembre 2022, les flux RSS que je suis (y compris les plus généralistes) se sont un peu emballés autour de l’actualité de Twitter. À la limite, bon, ce n’est pas mon problème. Toutefois, Mastodon a plus fait parler de lui et je me suis dit qu’il serait intéressant de regarder vraiment comment ça marchait. Déjà, j’ai bien saisi que même si Mastodon pouvait remplacer Twitter, il ne s’agit pas pour autant un simple clone.

Je me demande pourquoi je ne me suis pas penché dessus avant. Une bonne partie des choses qui me dérangent dans les réseaux sociaux les plus en vue sont corrigées avec Mastodon. Déjà, le service est décentralisé et est constitué d’un ensemble d’instances connectées entre elles. On parle de fédérations où chaque instance se gère de manière autonome (pour le meilleur ou pour le pire, ça c’est une autre histoire). De plus c’est un logiciel libre qui est conçu pour répondre à mes besoins et non exploiter mon activité. Accessoirement, je peux installer une instance chez moi si je veux (c’est d’ailleurs ce que j’ai fait).

Dans les faits, le contexte a joué aussi car j’étais en pleine réflexion autour de la réorganisation de mon infra. Ça a donc été aussi une bonne occasion pour mettre en place deux ou trois choses par ailleurs.

Pour l’heure, je n’ai pas prévu d’ouvrir mon instance à d’autres personnes. On verra si je change d’avis. En soit ce n’est pas un problème car ce qui s’y passe est public et parce qu’il est toujours possible de migrer un compte vers une autre instance.

J’y suis. Je fait quoi maintenant ?

Et bien déjà, je regarde comment ça fonctionne. Il me manque pas mal de codes en la matière (je suis un noob, je l’assume). Je regarde beaucoup comment les autres fonctionnent en fait. Je découvre au fur et à mesure le réel potentiel du Fediverse et les multiples possibilités de créer de l’interaction.

Dans la pratique, j’ai commencé par rechercher diverses personnes à suivre. De fil en aiguille, ça s’étoffe. De ma fenêtre, je constate que Mastodon est peuplé de libristes et autres communautés. Certains serveurs avec des règles de fonctionnement propres s’adressent à certaines communautés tandis que d’autres sont généralistes. Quelques grosses instances semblent émerger (ce qui n’est pas forcement le but) mais il y en a aussi de nombreuses avec peu d’utilisateurs (voir mono-utilisateur comme la mienne).

Est-ce une bulle de filtre ?

Très probablement un peu oui, ne serait-ce que parce que l’on se connecte de préférence à ceux avec qui on est en accord. De manière plus pro-active, je n’hésiterai probablement pas à bloquer des instances ou des utilisateurs avec lesquels je ne souhaite pas communiquer. Toutefois, ces processus restent manuels et ont l’avantage d’être parfaitement clairs. De plus, et la portée de ces choix est locale, limitée à mon compte ou à mon instance. En tout cas, ce que je lis et que je vois n’est pas géré de manière centralisée et automatisée par une plateforme. Ça me convient.

La parole publique

Mastodon semble toucher de plus en plus de monde même si j’ai assez peu de recul pour en dire plus. On commence à voir venir quelques institutions. Je trouve ça cool car le fait que la parole publique passe souvent par Twitter est une chose assez dérangeante en soit. Il est tout à fait possible d’imaginer que chaque collectivité, administration ou ministère gère à sa manière son compte Mastodon officiel. Ce n’est pas un service coûteux ou complexe à mettre en place à l’échelle de ces institutions.

Finalement…

Les échanges en tout cas sont intéressants et cet univers est assez fascinant je dois dire. Je retrouve ici un peu l’ambiance existant dans les forums que je fréquentaient à une époque. C’est différent parce que plus varié mais c’est enthousiasmant !